Page:Lacerte - L'ange de la caverne, 1922.djvu/128

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— « Vous n’en doutez pas, j’espère, Lucia, » répondit Éliane.

— « Maintenant, » dit Castello, « vous n’avez pas peur de passer la nuit seule, n’est-ce pas, Éliane ?… Lucia et moi avons affaire à sortir. Nous n’emmenons que Goliath. Samson surveillera les alentours de la caverne, puis, vous ne serez pas seule ici ; il y a le chef de cuisine et les deux marmitons. D’ailleurs, nous serons de retour, Lucia et moi, le plus tôt possible. »

— « C’est bien, » répondit Éliane, que le départ de Castello et de Lucia comblait de joie. « Non, je n’aurai pas du tout peur car je vais être très-occupée… Je suis à composer une sonate, » ajouta-t-elle en souriant ; « de plus, il y a, à la bibliothèque, des livres en quantité. »

— « Je laisse la caverne entière à votre disposition, » dit Castello à Éliane. « Amusez-vous bien !… D’ailleurs, je sais qu’avec des livres et un piano, vous ne vous ennuyez jamais… Mais, avant de partir, » ajouta Castello, « je voudrais vous offrir un petit cadeau en souvenir de nos fiançailles, Éliane ; l’accepterez-vous ? »

— « Non, merci, M. Castello, » répondit Éliane. « Je préfère… »

— « Veuillez m’excuser ; je reviens, » dit Castello, en quittant le salon.

Éliane eut préféré ne rien accepter de Castello. D’ailleurs, elle le savait d’avance, il allait lui faire cadeau de quelqu’objet de valeur, passé en contrebande, jadis… Une bague, sans doute, ou un collier, ou un bracelet qu’il s’était procuré, alors qu’il était contrebandier, en volant le gouvernement… Ah ! bah !… Cependant, il lui faudrait jouer son rôle jusqu’au bout… Oui, elle simulerait la joie en recevant le cadeau de Castello, tout-à-l’heure ; il ne fallait rien négliger, rien, si elle voulait réussir dans ses projets.

À ce moment, Castello entrait dans le salon.

« Veuillez accepter ce petit souvenir de nos fiançailles, Éliane, » dit-il ; « je crois qu’il vous plaira. »