Page:Lacerte - L'ange de la caverne, 1922.djvu/143

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« Anselmo ! Anselmo ! » disait-elle, en sanglotant. « Je ne te reverrai plus, mon frère ; j’en ai le pressentiment !! »

Oui, Lucia était bien malade d’une sorte de grippe qui menaçait de devenir une congestion des poumons. La veille, elle avait eu une crise de toux et d’étouffements, suivie d’une forte fièvre, accompagnée de frissons. Éliane eût eu beaucoup de peine à la soigner, si le Docteur Stone n’eût été là, l’aidant de ses conseils. Heureusement, il y avait un cabinet contenant des remèdes de toutes sortes dans la caverne ; heureusement aussi, le Docteur Stone analysait ces remèdes avant qu’Éliane les fît prendre à Lucia.

« Cependant, » écrivait le médecin à la jeune fille, « il faudrait à Lucia le grand air et la chaleur du soleil… Jamais elle ne guérira, dans cette grotte, dont la pierre suinte l’humidité, malgré les poêles électriques. Cette caverne est très-malsaine et une malade ne court aucune chance de guérir ici. »

Éliane essaya de faire entendre raison à Lucia ; mais ce fut peine perdue.

« Lucia, » lui avait-elle dit, la veille, après la crise de toux et d’étouffements qu’elle venait d’avoir, « ne vous découragez pas… Oui, je sais, vous êtes bien malade ; mais, si vous le désiriez, vous guéririez vite… Quittons cette caverne malsaine, Lucia ; le grand air, l’air pur du dehors, et le gai soleil du bon Dieu vous guériraient certainement. »

— « Quitter la caverne ! » s’écria Lucia. « Jamais !… Mon frère… »

— « Eh ! votre frère est loin déjà et c’est vous qui commandez ici. »

— « C’est inutile d’insister, Éliane. Mon frère m’a fait jurer de rester ici jusqu’à son retour et… »

— « Comme vous voudrez, Lucia. C’est pour vous que je parle. Cette caverne est humide… et les humains n’ont pas été créés et mis au monde pour vivre sous terre, ainsi que des bêtes immondes. »

— « Je mourrai ici, plutôt que de désobéir à mon frère,