Page:Lacerte - L'ange de la caverne, 1922.djvu/148

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Oui, il y avait quelque chose d’étrange qui se passait dans la caverne !…

Combien de fois, en arrivant inopinément dans une chambre, Éliane avait cru entendre des pas s’éloignant à la hâte !… Combien de fois, la nuit, elle avait entendu des pas aussi, dans sa chambre, autour de son lit !… Combien de fois elle avait senti quelqu’un ou quelque chose frôler les couvertures de son lit !… Et cela devint tellement énervant, à la fin, que la jeune fille n’éteignait plus ses lumières pour dormir.

Un soir qu’Éliane s’amusait, au piano, à composer une rêverie, les yeux fixés sur l’Ange de la Caverne, elle vit distinctement les lourdes portières encadrant ce tableau s’agiter, comme si elles eussent été secouées brusquement par d’invisibles mains… La jeune fille pensa aussitôt à la partie inhabitée de la caverne… Qui sait ?… Peut-être quelque pauvre malheureux y était-il emprisonné comme l’avait été le Docteur Stone et son nègre Bamboula ?…

Éliane s’approcha jusqu’au pied du mur supportant l’Ange de la Caverne et demanda :

« Qui est là ? »

Nulle réponse ne vint à son appel. Les portières furent, encore une fois, secouées brusquement… et ce fut tout.

« Heureusement, je ne crois pas aux revenants ! » se disait Éliane. « Combien je déteste ce qui me semble mystérieux ou inexplicable, cependant !… Mais, peut-être suis-je devenue un tant soit peu imaginaire, à force de vivre dans cette caverne… De fait, c’est assez pour perdre l’esprit tout à fait que de vivre ainsi, sous terre, sans jamais voir le soleil et sans respirer l’air vivifiant du dehors. Suis-je vraiment menacé de perdre la raison ?… Ces bruits mystérieux, ces… Mon Dieu, ayez pitié de moi… et de nous tous qui sommes prisonniers dans cette caverne !… Ah ! qui m’expliquera ce qui se passe ici ?… »

L’explication n’allait pas tarder.

Le lendemain — il pouvait être quatre heures de l’après-midi — Éliane était occupée à numéroter les livres qui se trouvaient près de la pierre à bascule quand, soudain, la pierre