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L’ANGE DE LA CAVERNE

autres compagnons. « Ce n’est que partie remise, » dit-il, en souriant et désignant les cartes.

Yves et Sylvio, au lieu de prendre une voiture, préférèrent marcher, le temps étant idéalement beau. Arrivé près de sa demeure, Yves invita Sylvio à entrer :

« Je suis veuf de ce temps-ci, tu sais, Desroches, » dit-il, en souriant. « Ma femme et ma mignonne Éliane sont encore à la campagne et elles se plaisent bien dans le chalet qui t’appartient, et que tu as si généreusement mis à leur disposition… Aimerais-tu à entrer chez moi ? C’est plus tranquille qu’au club et j’ai bien des choses à te dire. »

— « Oui, montons chez toi, Courcel, » répondit Sylvio Desroches, « Moi aussi, j’ai bien des choses à te dire… bien des projets à te communiquer. »

— « Montons, alors ! » dit Yves, gaiement. « Dans ma maison Sylvio, tu es toujours le très-bienvenu ! »

Tous deux montèrent chez Yves Courcel. Mais, quoique Sylvio eut dit avoir bien des choses à communiquer, il ne parla pas beaucoup. Les bras croisés sur sa poitrine, un pli soucieux au front, il semblait fort préoccupé. C’est Yves, en fin de compte, qui fit tous les frais de la conversation. Vers les onze heures, Sylvio se leva pour partir.

« Je vais aller me mettre au lit, » dit-il. « J’ai mal à la tête et je me sens bouleversé… je ne sais pourquoi. »

— « Tu travailles trop, Sylvio, » dit Yves, en posant la main sur l’épaule de son ami ; « cet excès de travail finira par te jouer quelque mauvais tour… »

Puis voyant que Desroches avait l’air bien fatigué et même un peu malade, il ajouta :

« Pourquoi ne passes-tu pas la nuit ici, si tu te sens malade ? … Je… »

— « Malade ! Mais, je ne suis pas malade ! » s’écria Sylvio, quelque peu impatienté. « Allons ! À demain ! » ajouta-t-il en se dirigeant vers la porte de sortie, puis, revenant auprès d’Yves et retirant de sa poche son porte-feuille, il reprit :

« Veux-tu te charger de ceci pour cette nuit, Courcel ? Ces imbéciles — je veux dire d’Oural, Letendre et d’Artigny — sont