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CHAPITRE XIII

COMMENT ON SE RETROUVE


M. Pierre allait mieux, beaucoup mieux ; même, le Docteur Stone le croyait guéri. Cette guérison, il est vrai, avait été précédée de crises de fièvre et de délire ; M. Pierre avait tellement divagué pendant deux ou trois jours, après le départ d’Eliane, que Paul avait eu peur de rester seul avec le malade. Le Docteur Stone avait passé trois nuits auprès de M. Pierre, l’écoutant balbutier des choses qui donnaient beaucoup à penser au jeune médecin.

Mais, ce soir, M. Pierre veillait avec le Docteur Stone. Après le dîner, que les deux hommes avaient pris ensemble, ils s’étaient installés dans le bureau du docteur et, tout en fumant, ils causaient.

« Avez-vous eu des nouvelles de Mlle Éliane ? » demanda M. Pierre au Docteur Stone.

— « Oui, M. Pierre, j’ai reçu quelques lignes hier… Mlle Lecour a l’air satisfaite de son emploi… Elle s’informe beaucoup de l’état de votre santé. »

— « La charmante enfant !… C’est assez singulier, Docteur, mais Mlle Éliane me rappelle quelqu’un… que j’ai dû connaître jadis, mais dont le nom ne me revient pas… »

— « Cela arrive assez souvent que nous trouvions des ressemblances ainsi, M. Pierre… Vous, M. Pierre, vous me rappelez aussi quelqu’un que j’ai connu autrefois. »

— « Vraiment ! » s’écria M. Pierre. « Bah ! » reprit-il, en souriant ensuite, « peut-être que nous avons tous un peu la berlue… effet du climat Kentuckéen, sans doute, car, la première fois que je vous ai aperçu, sans votre barbe, Docteur Stone, j’aurais juré… »

— « Monsieur, » demanda brusquement le médecin, d’une voix qui tremblait un peu, « ce nom de Pierre est-il réellement le vôtre ? N’est-ce pas un nom d’emprunt ? Vous ne vous nommez pas Pierre, n’est-ce pas ? »