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L’ANGE DE LA CAVERNE

« Qui va là ? »

818 et 602 sentirent le sang se glacer dans leurs veines… Avoir tant risqué, avoir passé par tant d’angoisses… et être repris.

« Qui va là ? » répéta le gardien.

Il écouta pendant quelques instants encore, puis il murmura :

« J’ai pourtant cru entendre du bruit de ce côté !… Mais, je me serai trompé. »

818 et 602 s’étaient couchés sur le sol ; ils osaient à peine respirer… Quel soulagement pour eux quand ils entendirent enfin les pas du gardien qui s’éloignaient !

C’est seulement quand ils furent certains que le gardien était retourné dans la partie est de la cour du pénitencier que 818 et 602 se décidèrent à se risquer. Ils se mirent à ramper sur les genoux, s’arrêtant quand ils entendaient les pas du gardien se rapprocher. Car, chaque fois que le gardien arrivait à la partie ouest, il s’arrêtait un moment et il écoutait… Les évadés rampèrent ainsi pendant l’espace d’un quart de mille à peu près, puis, quand les pas du gardien ne parvinrent plus jusqu’à eux, ils se levèrent et partirent, d’un bon pas, vers les marais.

Depuis plus d’une heure ils cheminaient ainsi, quand la voix de 818 se fit entendre :

« Au secours, camarade ! Au secours ! »

602 accourut à l’appel de 818 : celui-ci s’était enlisé. Il s’enfonçait sous le sol ; déjà ses pieds et ses jambes, jusqu’aux genoux, étaient pris dans le sol détrempé. 602 eut vite fait de secourir son compagnon en lui tendant une branche d’arbre qu’il trouva à sa portée, et bientôt 818 et 602 mirent le pied sur un terrain plus solide.

Mais il faudrait, désormais, redoubler de précautions : on entrait dans les marais de la Guyane Française.

602 parvint à casser deux fortes branches d’un arbre qui croissait tout près ; il donna une de ces branches à 818 en disant :