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L’HOMME DE LA MAISON GRISE

Patrice se mit à courir, et bientôt il arrivait au milieu de la foule tout essoufflé et criant :

M. Ducastel… Attendez !… Je viens de le voir…

— Quoi ? Comment ? cria quelqu’un. Vous venez de voir M. l’Inspecteur ? Où cela ?

— Là-bas… En pleine forêt.

Bien vite Patrice fut entouré et pressé de questions.

M. Ducastel ?…

— Vous êtes sûr que c’était bien lui ?…

— J’en jurerais ! s’écria-t-il. Une femme était penchée sur lui et lui prodiguait des soins.

— La Dame Noire… murmura-t-on.

— Je ne sais pas… De loin, j’ai cru plutôt que c’était… Mais je peux bien m’être trompé… Je…

— Qui donc avez-vous cru reconnaître, M. Broussailles ?

— J’ai cru reconnaître Mlle d’Azur…

Mlle d’Azur ?… Mais…

— Je ne pourrais jurer de rien cependant, mes amis, fit Patrice, vu que je n’ai pas porté grande attention… C’est M. Ducastel qui m’intéressait… Je n’ai fait qu’un saut jusqu’ici, pour vous avertir de ce que j’ai vu et demander du secours.

— Qu’y a-t-il ? demanda, à ce moment, Lionel Jacques, qui venait de fendre la foule. Broussailles ! s’écria-t-il ensuite. J’étais inquiet sur ton sort, mon ami.

M. Jacques ! fit Patrice. J’apporte des nouvelles…

— Des nouvelles ? Serait-ce d’Yvon ?

— Oui… Ducastel a dû être sauvé presque miraculeusement, car je jure l’avoir vu, tout à l’heure… là-bas… en plein bois…

Ce fut au tour de Mme Francœur de s’approcher de Patrice Broussailles et de le questionner.

— Vite alors ! Une voiture ! cria-t-elle, lorsqu’elle sut à quoi s’en tenir. Oh ! Ce pauvre M. Ducastel !… Pourvu qu’il soit vivant !

— Jasmin ! appela Lionel Jacques.

— Présent, Monsieur ! répondit le domestique du Gîte-Riant.

— La voiture ?…

— Elle est ici, tout près… C’est l’express, Monsieur.

— Tant mieux ; cela fera très bien l’affaire. Partons dit Lionel Jacques. Broussailles ajouta-t-il, tu vas nous indiquer le chemin, n’est-ce pas ?

— Certainement ! répondit Patrice, en sautant dans l’express, à côté de Mme Francœur et de M. Foulon.

Plusieurs voitures se mirent en route.

Patrice Broussailles se garda bien de conduire la foule directement ou se trouvait Yvon ; il fit semblant plutôt de n’être pas bien certain de l’endroit. Mais enfin, il feignit de se reconnaître.

— C’est ici, je crois, fit-il. J’avais remarqué ces quatre peupliers…

— Mais… Je ne vois rien, rien ! s’exclama Mme Francœur.

— Oui ! Oui ! Là-bas… Une lanterne allumée.

— C’est bien cela ! admit Patrice. La lanterne de celle qui, probablement a sauvé la vie de M. Ducastel.

Bientôt s’arrêta l’express de Lionel Jacques et les autres voitures firent de même.

— C’est bien M. l’Inspecteur ! s’écria-t-on.

Tous venaient d’apercevoir, couché sur le sol, celui qu’ils avaient pleuré pour mort, et auprès de lui, lui prodiguant des soins et sanglotant, était, en effet, Mlle d’Azur.

M. Ducastel ! Ô M. Ducastel ! s’écria Mme Francœur en s’agenouillant auprès d’Yvon.

Le jeune inspecteur ouvrit les yeux un instant, puis il murmura :

Mme Francœur…

— Yvon ! fit Lionel Jacques en se penchant sur son jeune ami. Dieu merci, tu es vivant !

— Cher M. Jacques… balbutia Yvon.

Mlle d’Azur, reprit Lionel Jacques, pauvre Mademoiselle ! Dans quel état vous êtes !

— Je… Je n’ai pu me… me décider à… à l’abandonner… Je…

— Chère Mademoiselle ! s’exclama Mme Francœur, s’adressant, à son tour, à Luella. Moi qui vous croyais en sûreté auprès de votre père !

— Mon père… murmura Luella. Il a été sauvé ? (Vraiment, elle jouait son rôle à la perfection la complice de Patrice Broussailles) !

— Oui ! Oui !… Mais vous, vous avez sauvé la vie de M. l’Inspecteur,