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Page:Lacerte - La Gardienne du Phare, 1921.djvu/32

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la gardienne du phare

Machinalement, Claire suivit les ordres de la vieille Hermance. Il n’y avait pas de temps à perdre. Le geôlier vint ouvrir la porte du cachot comme la jeune fille achevait de bâillonner la vieille femme. Mais avant de quitter celle qui lui sauvait la vie, Claire, protégée par l’ombre de sa cellule, se pencha et mit un baiser sur le front d’Hermance.

« Merci », dit-elle, « chère bonne Hermance !… Je vous bénirai le reste de mes jours. Dieu vous garde !! »

Puis Claire sortit du cachot, suivie du geôlier.

Le geôlier avait hâte de barrer les portes et d’aller se reposer ; c’est donc très-vite et sans adresser la parole à Claire, qu’il la conduisit jusqu’au grand portique, sur lequel ouvrait la porte de sortie. Mais le plus difficile n’était pas fait : deux hommes de police causaient sous le portique et c’est entre eux que Claire devait passer pour atteindre la liberté. Pauvre Claire !… Ses jambes se dérobaient sous elle et il vint un moment où elle crut qu’elle allait avouer qui elle était.

Ce fut pis encore quand un des policiers posa sa main sur l’épaule de la jeune fille. Un frisson d’épouvante la secoua : c’était fini, cette fois !!!

« Bonsoir, la petite mère », dit l’homme de police, en riant. « Bien, vieille Hermance, pourquoi cacher toujours avec tant de soin votre joli minois ? » ajouta-t-il gouailleur. Et il fit mine de poser sa main sur le capuchon qui surmontait la longue collerette dont Claire était enveloppée.

Claire ne put s’empêcher de crier, ce que voyant, l’autre policier, rejoignant son compagnon, dit :

« Laisse-la donc tranquille ! J’aime bien à rire, moi aussi ; mais j’ai ma vieille mère chez moi et, c’est pourquoi, sans doute, je n’aime pas voir insulter une personne âgée. »

L’interpellé rit un peu, mais il dit : « Passez, mère Hermance. »

Il restait six marches à descendre avant d’atteindre la petite barrière en fer forgé qui donnait sur la rue. Ces six marches !!!… Il semblait à Claire, à chacune d’elles, qu’une main allait s’aplatir sur son épaule et l’arrêter…