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NÉMOVILLE.

Qui saurait exprimer la douleur de ces hommes, devant la certitude d’un malheur si épouvantable !

Ils se laissèrent tomber sur la plage et pleurèrent, comme on pleure à vingt ans l’écroulement de son bonheur.

Le bon chien Turko, qui accompagnait son maître, donnait des signes de joie auxquels ni Roger ni Paul ne faisaient attention, dans l’état d’esprit où ils se trouvaient. Turko délassait ses jambes en gambadant sur la grève, et poussait de petits aboiements joyeux. Il revint vers ses maîtres et entra dans la grotte, d’où il ressortit bientôt en gambadant de joie et tenant dans sa gueule un mouchoir ayant appartenu à Gaétane. Il vint le déposer sur les genoux de Roger.

Celui-ci mit sa main sur la tête de son chien et dit en le caressant : « Brave animal ! »

Enfin, les deux amis se disposèrent à regagner leur bateau, mais le chien semblait ne pas vouloir les suivre, il s’arrêta sur la grève aboya obstinément, et lorsque Roger l’appela pour l’embarquer, l’animal s’enfuit vers la chaîne de roches qui conduisait au Rocher de la Délivrance. À ce moment, la marée était