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274 POÉSIES ET PIÈCES (PKOSE ET VERS) DES HECUEII.S COLLECTIFS SUR LES SATYRES DE B*. (BOILEAU) (1) Mon cher, toy qui m’as veu cent fois en compagnie ; Toy qui sçais qui je suis, et quel est mon génie ; Toy qui ne m’as jamais ouy parler d’autruy Qu’à dessein d’approuver ce que l’on trouve en luy, A peine pourras-tu lisant cette Satyre, Croire que ce soit moy qui te la puisse écrire : Ce Titre est tellement contraire à mon humeur, Qu’àpeine croiras-tu que j’enpuisse estre Autheur : On ne m’a jaynais veu d’un esprit incommode ? Je permets que chacun se gouverne à sa mode ; Dans ce qu’un autre fait prenant peu d’intérest. Je laisse volontiers le monde comme il est : Mon humeur en tous lieux se trouve satisfaite, J’ay veu de méchans vers, sans blâmer le Poëte ; .i’ay leu patiarnmcnt les écrits de Rifflé, J’ay entendu Molière, et ne l'ay pas sifflé : J’ay depuis quatre mois toujours fait mon possible Pour conserver en moy cette humeur si paisible : Mais enfin, cher Amy, le moyen d’endurer Ce qu’on fait à présent et n’en pas murmurer : J’ay cent fois essayé de retenir ma plume. Et de faire des vers comme j'avois coutume ; De faire ume Elégie, un Sonnet, un Sixain ; Et la plume cent fois m’est tombée de la main : Mon inclination me deffendoit d’écrire ; Mais aujourd’huy Boileau m’inspire une Satyre ; Luy qu’à peine on connoît dans le sacré Valon, Veut trancher du Phœbus, et faire l’Apollon : Je ne puis endurer qu’il critique les autres ; On a souffert ses vers, on souffrira les nôtres ; Peut-estre dira-t’il que je critique mal ; Mais je n’ay pas aussi copié Juvénal ; Je n’ay pas comme luy pour faire une Satyre Volé dans les Auteurs ce que j’avois à dire ; Et pour reprendre enfin les vices d'aujourd’huy. (1) Le nom de Boileau s’applique toujours à Gilles Boileau, surtout jusqu’à la mort de ce dernier (10 Mars 1669), mais ici aucune incertitude n’existe, car Cotin a pris soin de la dissiper dans la seconde version de cette pièce qui er^l devenue la Satire des Satires :

Mon inclinalion me deffendoit d’écrire, Mais le cadet Jioisleaii me force à la salyre : Luy, qu’on ne void jamais dans le sacré vallon. Veut trancher du Phébus et faire l’Apollon ; Luy, que l’on ne connoist qu’à cause de son frère