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LA FARE, POÉSIES

Si tost que tu te rends sensible
Tous les cœurs d’amour transportés,
Par une puissance invincible,
Vers toy se sentent emportés ;
Et lorsque par la jouissance
Mettant lin à leur espérance
Tu mels le comble à leurs désirs,
O qu’heureuse est la destinée
De l’âme avec force entraînée
Par le torrent de tes plaisirs !

Aussi c’est toy que la Déesse
Mère des Ris et des Amours,
El les Grâces suivent sans cesse,
C’est toy qui fais leurs plus beaux jours
En toy seule est toute leur force,
Et cette précieuse amorce,
Après quoy court avidement
Tout ce qui dans le sein des ondes,
Et dans les cavernes profondes
Est capable de sentiment.

Oiiy, partout on sent la puissance
De tes inévitables traits,
Mais l’homme a seul la connoissance
De tout le prix de tes bienfaits :
Digne objet de ta complaisance.
Seul, il a l’heureuse science
De goûter tes divins présens
Alors qu’enyvré de tes charmes
Son esprit, qui te rend les armes.
Ajoute au bonheur de ses sens.

Loin de moy tous ces fanatiques
Rebelles à tes sentimens,
Dont les humeurs mélancoliques
Résistent à les mouvemens :
Qui loin d’accepter avec joye
Le bien que le Ciel leur envoyé,
Comme un remède à leurs malheurs,
Estiment que ce soit sagesse,
Que se livrer à la tristesse.
Et se plaire dans les douleurs.

Loin de moy ces timides âmes,
Qui se chargeant d’indignes fers.
Pensent que d’éternelles liâmes
Les doivent punir aux Enfers,