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CONSTITUTION ET COUTUMES DES AUSTRALIENS

des doutes de ce que vous pouviez elre, s’est eclairci — dit-il —. Gependant comme on ne peut nier que tu n’ayes fait paroitre quelque chose d’extraordinaire, il t’aut que je sache d’ou cela peut provenir, soit pour ton courage, soit pour tes raisonneinents, so/7 pour fa naiss^ince. » Je I’asseuray que ce qu’il avoit veu en cetlc dernierc actioii"^ etoit plulot relFet d’undesespoir que d’un courage ordinaire, qu’on n’a point d’oyseau a conibattre en nos quartiers, que les comhals sont d’egaux k cgaux avec des efforts, des adresses el des houcheries fori cruelles ^.

« Il en est au juste comme des Fondins — repartit-il — et comme j’en fus demeure d’accord, il ajouta : « 11 est assez de temps que tu demeures avec nous pour nous connoitre, et pour etre persuade "^ de notre conduiie. Ce mot d’homme, qui emporte par une suite necessaire la raison et I’humanite, nous oblige a I’union qui est telle que nous ne savons pas meme ce que c’est que division el discorde enlre nous. II faut done que lu sois convaJncu* on que nous sommes plus qu’hommes, on (jue vous etes moins qu’hommes, puisque vous etes si eloignez de nos perfections. » Je dis qu’on ne pouvoit nier que les divei’ses situations^ ne contribuassent beaucoup aux dilferentes inclinations de leurs habitans, d’oLi suivoit que les uns etoient moins bilieux^, les anfres plus ac/Z/.v, les uns plus pesants et les autres plus legers’, cause principale ^ des divisions, des dissensions, des guerres el de tons les maux c/iii s’ensuiienl. Mais il rejella puissamment celle proposition^ soutenant que Thomme demeurant^ homme etoit toujours homme, c’est-a-dire humain, raisonnable, debonnaire, sans passion, parce ce que c’est en ce point que consiste la nature de rhomme. Comme le Soleil ne peut elre Soleil qu’il n’eclaire, et Veau ne peut elre eau quelle ne soil humide : ainsi Ihomme ne peut etre homme qu’il ne dill’ere des betes, en ce qu’elles sont pleines de passions et dedeffauts, el I’honinie en doit etreexempt. Lapreuve infaillible que ce nest pas un homme, el qu’il rCen a au plus quune image vaine el trompeuse, se connoil lorsqu’il est emporte, querclleux, gourmand, luxurieux, ou autremenl defeclueux, parce que ihomme consisle en Vexemplion de ces defauts qui sont naturels a la bete, laquelle approche plus ou moins de ihomme selon quelle est plus ou moins vicieuse°

J’avoue que je ne pouvois entendre ce discours sans admiration. Quand faurois leu un livre Ires spiriluel ou que fauroisoiii un puissant Predicateur, je naurois pas eteylus edifie que je le fus alors. Je me souvins de ce beau passage de VEcclesiasle qui nous fait entendre que « le lout de

a) Var. 1692 : dc nioi dans le dernier combat. — b) niais que Ics lioninies y conibattoient jusqucs a s’entrc-niassacrer et s’cnlr’dgorjjcr les uns les autres. — c) Note : Especes de barbares dont le pays voisinc de cclui des Australiens. — d) de la sagesse. — e) avoues. — f) divers clinials. — g) plus emportcz. — /j) Iranquilles. — i) laquelle diversite de teniperaniens etoit la. — j) ordinaire. — 1<) qui armoient les liommes les uns contre les autres ; mais il se niocqua de cette raison. — I) verilablement. — m) essentiellement des betes, en qui la fureur, la gourmundise, la cruuutc et les autres vices et passions, sont comme une suite de leur nature imparfaite et defectueuse, que celui qui etoit sujet a ces memos delTauts n’etoit done qu’une image vaine et trompense de rhomme, ou plulot une veritable bete.