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APPLICATION DES MAXIMES DES AVAÏTES

Juifs en avoient pour les Publicains : Les Particuliers et les Magistrals sont obliges en conscience de faire leurs efforts pour rendre ces Loix sans eiret et sans force. Mais comme on a souvent alTaire a des Atheniens qui feront niourir un Socrate s’il essaye de les faire revenir de leurs superstitions, avec de tellcs gens la dissimulation est perniise ; hors de la elle ne I’est point ; si ce qu’on pense est hon pourquoi le cacher, s’il n’est pas bon pourquoi le penser.

On obeira done aux injustes Magistrals exterieurement et engemissant ; on leur reudra seulenientun respect exterieur, car pour Tinterieur s’ils en sont dignes nous ne pouri’ons pas le leur refuser : Que les Magistrals svachent pour le meriler que le peuple n’est pas fait pour sei-vir par sa misere et sa bassesse a flater leur mollesse et leur orgueil, maisqu’ilssont fails pour defendre et soutenir les Loix et servir par leur sagesse au repos et a la felicite du peuple ; la vigilance, la severite et Texactitude niainliennent le bon ordre, et rinjuste demence d’un Magistral est coupable de lous les crimes que I’esperance de rimpunite fait commettre. Comme toute puissance et toute aulorite ne lire son origiuc que de Tobeissance volontaire du peuple, cette meme aulhorite lui doit etre enlierement devouee ; les particuliers, de leur part, sont lenus a les aider dans leurs penibles fonclions par leurs respects et leurs souniissions, et a leur fournir (sans qu’on leur tiemande) tousles eclaircissemenlsquidependront d’eux, leur temoignage principalenient.

Il y a une autre sorte de superieurs que la loi nous donne dependamnient de la nature, ce sont nos peres ; leur aulorite est Ires difficile a meltre en œuvre ; il est rare qu"ils en usent bien par la raison que nous avons dite.

Pour notre devoir a I’egard de nous-memes, continua loujours TAvaite, vous SQavez que nous devons menager avec soin les forces du corps et la capacite et lelendue de Tesprit pour raisonner juste:toules nos faules ne sont que des pai’alogismes ; vous les avez toules altribuees au mauvais usage de noire liberie, et elle ne consisle que dans le pouvoir de douler et d’examiner ; sans le doute et sans I’examen toules nos demarches sont criminelles ; la verite n’a rien a craindre de ce principe ; bien loin de cela, lui seul nous la decouvre et nous en assure, et on ne pourra s’empecher de la suivre quand on en sera convaincu, mnisquilest a craindie que les jeunes gens ne rellechissent pas assez pour pouvoir meltre en usage cette maxime, et que les erreui’s n’ayent jelle de Irop profondes racines dans la vieillesse pour lui permettre d’en proliter ! L’aplication des autres maximes de ce Pays se fail sans peine et sans penetration, et onpeutaisemenl avec ces regies conduire toules les actions de sa vie; il ne reste qu’a sgavoir si le commerce que nous avons avec les animaux ne forme pas quelque engagement:II send^le que comme Dieu a mis Thomme en etal d’en tirer des services, nous pouvons croire qu’il veul en elfet que nous nous en servions pour noire utilile ; quoi qu’il ne soil pas constant parmi nous que leurs Ames ne soientpetries que defange et de boue, les abeilles, les fourmis el ceux des animaux qui recueillent et qui amassent ne vivent pas sans police et sans loix, el elles seroient inuliles aux autres; d’ailleui’s paroit-il que leurs ames sortent de ce monde moins parfaites que