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VOLTAIRE
ET LE CURÉ MESLIER



Le curé Meslier doit sa renommée à Voltaire et personne jusqu’ici ne s’est avisé de contrôler ni la notice qu’il lui a consacrée ni le texte du Testament de Meslier qu’il a publié en 1761[1]. Cependant l’autorité de Voltaire en matière historique est nulle, absolument nulle, toutes les fois que son fanatisme irréligieux est en jeu. Nous en avons apporté la preuve en ce qui concerne Théophile de Viau et Des Barreaux, deux libertins[2]. Pourquoi en serait-il autrement polir Jean Meslier ?

Voltaire lui-même ne s’en est pas caché. Il a écrit à Thiériot le 21 octobre 1736 :

Le mensonge n’est un vice que quand il fait du mal, c’est une très grande vertu quand il fait du bien. Soyez donc plus vertueux que jamais. Il faut mentir comme un diable, non pas timidement, non pas pour un temps, mais hardiment et toujours. Mentez, mes amis, mentez, je vous le rendrai à l’occasion.

Voltaire doit la connaissance de Jean Meslier à Thiériot. Nous n’avons pas la lettre de Thiériot, mais voici la réponse de Voltaire :

À Cirey, le 30 novembre (1735).

Je suis enchanté de la bonne fortune que vous avez depuis six mois

  1. Voltaire est revenu sur Meslier dans ses Lettres à S. A. Mgr le prince de *** (Brunsivick) sur Rabelais et sur d’autres auteurs accusés d’avoir mal parlé de la religion chrétienne (1767).
  2. Voltaire et Théophile de Viau (Le Procès du poète Théophile de Viau, T. II. p. 239). Voltaire et le sonnet du Pénitent (Disciples et successeurs de Théophile de Viau. Des Barreaux et Saint-Pavin, p. 307).