Aller au contenu

Page:Laclos - De l’éducation des femmes, éd. Champion, 1903.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

accès de colère trop fréquents, vos muscles acquerront une mobilité dangereuse, et, bientôt, toute expression deviendra une grimace. Le rire convulsif de la bruyante gaîté produit, à moindre degré, des inconvénients de même nature. Ne vous laissez jamais dominer par l’humeur ; cet état de déplaisance intérieure se manifeste au dehors, et personne ne se soucie de plaire à celle qui ne craint pas de déplaire aux autres. Si l’envie ou l’ambition vous dévorent, bientôt vos yeux caves, votre teint plombé, votre excessive maigreur auront terny votre beauté ; si vous vous livrez à la fureur du jeu, la contraction fréquente de vos muscles usent bientôt leur ressort ; la fatigue du jeu est, sans exception, celle qui use le plus et le plus vite ; redoutez pourtant aussi celle du plaisir, dans l’état d’épuisement qui le suit ; vos yeux batus, vos lèvres flétries, vos joues décolorées, ne scauroient faire naître des désirs qu’on s’apperçoit assez que vous ne pouvez plus partager. Telle est un genre de parure trop peu connü peut-être, mais surtout trop rarement pratiqué. Après ces 1ers soins, que rien ne peut suppléer, il en est de plus faciles que la volupté réclame ; encore il n’est point de parure sans une propreté rigoureuse ; et, avant de chercher à vous orner par des vêtements, dépouillez-vous, et entrez dans le bain ; ne craignez pas d’en faire un usage journalier ; pour obvier aux inconvénients qui pourroient le suivre, accoutumez vous à les soutenir froids ; alors ils augmenteront votre élasticité, loin de la détruire ; si leur fraîcheur porte à la peau une légère atteinte, réparez cet