Page:Laclos - Les liaisons dangereuses, 1782, T01.djvu/68

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laquais, je fais une toilette de Femme-de-chambre. Elle fait ensuite venir un fiacre à la porte de mon jardin, & nous voilà parties. Arrivée dans ce temple de l’amour, je choisis le déshabillé le plus galant. Celui-ci est délicieux ; il est de mon invention : il ne laisse rien voir, & pourtant fait tout deviner. Je vous en promets un modele pour votre Présidente, quand vous l’aurez rendue digne de le porter.

Après ces préparatifs, pendant que Victoire s’occupe des autres détails, je lis un chapitre du Sopha, une lettre d’Héloïse & deux contes de La Fontaine, pour recorder les différents tons que je voulois prendre. Cependant mon Chevalier arrive à ma porte, avec l’empressement qu’il a toujours. Mon Suisse la lui refuse, & lui apprend que je suis malade : premier incident. Il lui remet en même temps un billet de moi, mais non de mon écriture, suivant ma prudente regle. Il l’ouvre, & y trouve,