côté des Pyrénées ; aussi ceux-ci leur envoyèrent-ils
contre César un secours de vieilles troupes
qui avoient servi sous Sertorius. Les habitants de
la Gaule Narbonnoise avoient déja beaucoup perdu
de la pureté du langage de leurs peres, par leur
mélange avec les Romains.
On sçait encore qu’il suffit qu’une langue vivante soit étendue pour qu’il s’y trouve des dialectes : le peuple ne parle jamais la même langue que les personnes qui ont eu de l’éducation, on pourroit dire qu’il y a presque des dialectes d’état & de condition différentes ; mais quelque différence qui se trouvât dans le langage des diverses parties des Gaules, la langue étoit cependant la même au fond, & ce n’est que des différentes dialectes qu’il faut entendre ce que dit César : hi omnes linguâ, &c. inter se differunt. Le mot linguâ ne signifiera que dialecte, pour peu que l’on fasse attention à ce que dit Strabon : eâdem non usquequaquè linguâ utuntur omnes, sed paululùm variatâ. En effet, ce n’est que par confrontation des passages des différents auteurs qu’on peut parvenir a fixer le sens des uns & des autres.
La langue celtique s’étoit donc assez bien conservée jusqu’au tems que César entra dans les Gaules ; du moins elle n’avoit essuyé d’autres alté-