n’ont fait plus d’efforts parmi eux pour s’assurer
l’immortalité, que lorsque les Romains les ont
subjugués. C’étoit alors que la Grèce produisoit
Plutarque, Pausanias, Ptolémée, Galien ; qu’elle
faisoit frapper des médailles en sa langue, qu’elle
la gravoit par-tout, qu’elle la perpétuoit dans des
inscriptions, qu’elle bâtissoit des palais, élevoit
des temples ; qu’elle instruisoit ses vainqueurs,
& les forçoit à reconnoître les Grecs pour leurs
maîtres dans tous les genres de littérature & de
sçavoir. Peut-être même que l’impossibilité de
détruire la langue grecque, pour faire régner la
latine en sa place, eut bien autant de part aux
égards que les Romains témoignerent aux Grecs,
que l’admiration pour leurs talens ; mais les ouvrages
sont les sûrs dépositaires d’une langue
morte ; c’est par eux que les langues grecque &
hébraïque sont parvenues jusqu’à nous, malgré les
révolutions étonnantes que ces deux nations ont
éprouvées ; c’est par la même voie que les Romains,
qui n’avoient pu abolir celle-là, ont fait
passer jusqu’à nous la leur, qui peut-être est encore
aujourd’hui plus répandue, ou du moins
plus étendue qu’aucune langue vivante.
La langue celtique n’avoit aucune des ressources qui conservent une langue, & il est étonnant