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xxiv
Origine & révolutions


roit croire que c’étoit celle qu’on parloit originairement dans toute l’étendue de pays dont ces peuples n’occupent qu’une portion, & qu’ils l’ont conservée avec moins d’altération par le peu de commerce qu’ils ont eu avec leurs voisins. Les Francs, quelle que fût leur origine, soit qu’ils la tirassent en partie du sein de la Gaule, soit qu’ils vinssent de la Germanie, descendoient des anciens Celtes, & si leur langue n’étoit pas une dialecte de la celtique, elle devoit du moins avoir quelque rapport avec elle. Ces nouveaux vainqueurs ne firent aucun effort pour faire recevoir leur langage aux vaincus ; ils en adopterent même les loix en partie, ou laisserent chacun suivre les leurs. Le peuple & ceux de la campagne continuerent de se servir d’une langue composée de celtique & de latin, mais dans laquelle celui-ci l’emportoit assez pour qu’on la nommât langue romane. Ce fut elle qui fut en usage durant les deux premieres races, & ce qui prouve qu’elle n’étoit parlée que par le peuple & les habitants de la campagne, c’est qu’elle étoit aussi nommée rustique ou provinciale par les Romains & par ceux qui leur succéderent. Elle n’étoit point la langue latine pure des Romains, comme son nom sembleroit l’indiquer ; elle ne l’empruntoit que de son origine, & nous voyons