en 948, les lettres d’Artaldus, archevêque de
Reims, ayant été lues au concile d’Ingelheim,
on fut obligé de les traduire en théotisque,
afin qu’elles fussent entendues par Othon, roi de
Germanie, & par Louis d’Outremer, roi de
France, qui se trouverent à ce concile. Mais enfin
la langue romane, qui sembloit d’abord devoir
céder à la tudesque, l’emporta insensiblement,
& nous allons voir que sous la troisieme race elle
fut bientôt la seule, & donna naissance à la langue
françoise.
La premiere difficulté qui doit naturellement se présenter, est de sçavoir comment la langue romane, qui étoit celle du peuple & des provinces, a pu l’emporter sur la langue tudesque, qui étoit celle de la cour.
Nous voyons de nos jours, non seulement en France, mais dans tous les autres états qui ont une langue particulière, que la ville & les provinces cherchent à prendre la cour pour modele. Quoique les provinces parlent quelquefois des dialectes différentes, les particuliers qui veulent écrire ou parler correctement, adoptent la langue de la capitale & de la cour. Un homme livré à l’étude se flatteroit en vain de connoître l’esprit de la langue par le secours des grammaires & des vocabulaire.