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LA TERRE PATERNELLE.

valles des exclamations de joie et d’admiration. La conversation, fréquemment assaisonnée d’énergiques jurons dont nous ne blesserons pas les oreilles délicates de nos lecteurs, s’était prolongée fort avant dans la soirée, lorsque l’entrée de l’agent dans la salle vint la ralentir pour un moment ; l’appel nominal qu’il fit des jeunes gens prouva quelques absents ; mais sur l’assurance qu’ils lui firent que les retardataires arriveraient la nuit même, l’agent prit congé d’eux, en leur recommandant d’être ponctuels le lendemain au rendez-vous.

Charles avait été jusque-là spectateur tranquille de cette scène. Il fut à la fin reconnu par quelques-uns de ces jeunes gens, fils de cultivateurs de son endroit, et par eux présenté à la bande joyeuse. Ils lui firent alors les plus vives instances pour l’engager à se joindre à eux. Les plus forts arguments furent mis en jeu pour vaincre sa résistance. Charles continuait à se défendre de son mieux ; mais les attaques redoublèrent, les sarcasmes même commençaient à pleuvoir sur lui, et portaient de terribles blessures à son amour-propre ; peut-être même aurait-il succombé