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LA TERRE PATERNELLE.

compatibilité d’humeur, déclara formellement s’en prévaloir et vouloir aller loger ailleurs. La mère et les amis communs tentèrent, mais inutilement, de lui faire révoquer sa résolution. Il partit avec sa femme et Marguerite, abandonnant la terre paternelle entre les mains de son fils. Les choses, loin de s’améliorer par ce brusque départ, n’en allèrent que plus mal. Le fils, débarrassé de la surveillance paternelle, qui lui était à charge depuis longtemps, ne sut pas profiter des ressources qu’il avait en main, et négligea entièrement les travaux de la terre. La rente en souffrit cruellement, et le père se vit restreint au plus strict nécessaire, qu’il arrachait avec la plus grande peine de son fils, qui ne le lui abandonnait que comme à titre de don gratuit ; il en vint même à porter une main tremblante et presque sacrilège sur le vieux coffre où gisaient les épargnes si soigneusement conservées. Un tel état de choses ne pouvait durer longtemps. Le père alla consulter des hommes de loi, qui lui conseillèrent de faire vendre la terre à la charge de la pension. L’idée de vendre le patrimoine de ses ancêtres lui était trop amère. Les conseils plus pacifiques de ses amis l’enga-