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LA TERRE PATERNELLE

Deux hommes, dont l’un paraissait de beaucoup plus âgé que l’autre, conduisaient un traîneau chargé d’une tonne d’eau, qu’ils venaient de puiser au fleuve, et qu’ils allaient revendre de porte en porte dans les parties les plus reculées des faubourgs.

Tous deux étaient vêtus de la même manière : un gilet et pantalon d’étoffe du pays sales et usés, des chaussures de peau de bœuf dont les hausses enveloppant le bas des pantalons étaient serrées par une corde autour des jambes, pour les garantir du froid et de la neige ; leur tête était couverte d’un bonnet de laine bleu du pays. Les vapeurs qui s’exhalaient par leur respiration s’étaient congelées sur leurs barbes, leurs favoris et leurs cheveux, qui étaient couverts de frimas et de petits glaçons. La voiture était tirée par un cheval dont les flancs amaigris attestaient à la fois et la cherté du fourrage et l’indigence du propriétaire. La tonne, au-devant de laquelle pendaient deux seaux de bois cerclés en fer, était, ainsi que leurs vêtements, enduite d’une épaisse couche de glace.

Ces deux hommes finissaient le travail de la journée ; exténués de fatigues et transis de