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LA TERRE PATERNELLE

— Mais non, vous dis-je, bonhomme, à moins que vous ne fassiez chanter un service, au moins d’une cloche. Comme ce gros monsieur qui vient de mourir, il sera porté à l’église, lui, parce qu’il paie pour un service ; allez.

— Mais, Monsieur, se permit de remarquer le père Chauvin, on dit que ce monsieur n’est jamais venu à l’église pendant sa vie, et cependant il va y entrer avec pompe après sa mort ! Mon fils, au contraire, y est venu souvent prier ; il n’aura donc pas le bonheur d’y être porté après sa mort pour avoir une pauvre petite prière et un peu d’eau bénite sur son corps.

— Que voulez-vous que j’y fasse ? c’est la règle[1]. Tout ce que je puis faire pour vous, c’est de fournir un cercueil ; vous porterez le corps au cimetière, et il y sera enterré jeudi prochain.

Le père Chauvin prit alors congé du bedeau, qui fut ponctuel à lui envoyer le cercueil le jour indiqué. Le mort, enseveli d’un linceul

  1. On s’est relâché, depuis, de la rigueur de cette règle ; les corps des pauvres peuvent maintenant entrer à l’église et participer aux prières qui s’y disent pour les morts – Note de l’Auteur.