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LA TERRE PATERNELLE

dant laquelle ils n’avaient éprouvé que des vents contraires. C’était par une belle matinée du mois de juillet. La nuit avait été calme et sereine, et les eaux du lac conservaient encore le matin leur immobilité de la nuit. Les voyageurs avaient campé en bas du Long-Saut, et s’étaient remis en route à la pointe du jour. Harassés par de longues fatigues, leurs corps se ployaient avec peine aux mouvements de l’aviron ; les deux canots, à grandes pinces recourbées, et fraîchement peints de couleurs brillantes, glissaient lentement sur la surface des eaux ; sous le large prélat qui recouvrait les paquets de fourrures dont les canots étaient chargés, deux commis des comptoirs de la compagnie achevaient paisiblement leur sommeil, souvent interrompu, de la nuit. Tout à coup un cri de joie se fait entendre ; cri semblable à celui que poussent les marins en mer quand, après une traversée longue et périlleuse, la vigie a crié : Terre ! terre !… Ils venaient d’apercevoir le clocher de l’église de la mission du Lac, qui resplendissait alors des feux du soleil levant. Cette vue rappelait en eux de bien doux souvenirs ; chacun croyait voir le clocher de son