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Page:Lacombe - Taine historien et sociologue, 1909.djvu/246

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LIVRE II. — LE RÉGIME MODERNE

La cause de notre manque d’initialive, il Ta exposée, il l’a dénoncée le long de trois volumes où les pages éloquentes ne manquent pas ; éloquence tantôt grave et triste, tantôt émue d’une irritation sourde et contenue. Instructifs certes ces trois volumes ; ils témoignent à coup sûr d’une information consciencieuse. Peut-être peut-on trouver que cette information^ Taine l’a trop rapidement conduite ; il a évidemment tenté de remplacer le temps, qu’il refusait à son œuvre, par la fièvre du travail et par l’énergie de l’effort.

Il raconte d’abord la pression accablante exercée par Napoléon I^i* sur toutes les administrations locales, créées par la Révolution. Il montre ensuite l’exemple de Napoléon suivi par les gouvernements postérieurs, et l’intervention de l’Etat conservée, pour sa commodité, jusque dans l’époque contemporaine ; bref il expose et en grands détails notre régime de centralisation excessive. « Depuis la constitution de l’anVlll, dit-il, un agent national, un préfet, installé et maintenu au centre de chaque département, régit par lui-même ou par ses bureaux, corrige et annulle à son gré l’activité administrative des conseils généraux, des conseils municipaux et des maires, tient les uns et les autres dans une subordination étroite et décourageante. »

Ce tableau est assurément exact quand il s’agit du gouvernement de Napoléon Ier exact encore pour la restauration et pour le second empire, un peu forcé pour le règne de Louis-Philippe. Après 1870, Taine est bien obligé de reconnaître que les attributions des conseils généraux et des corps municipaux ont été sérieuse-