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la persuasion ou la force, puisque l’homme n’est atteint dans le temps que par cette double action. Laquelle donc lui a été donnée ? Est-ce la persuasion ? Est-ce la force ?

Ce n’est point la force. Quand Jésus-Christ fut assailli au jardin des Olives, un disciple tira l’épée, et le Seigneur lui dit : Remets ton épée dans le fourreau, car celui qui frappe de l’épée périra par l’épée[1]. Et lorsqu’il avait dispersé ses apôtres pour la prédication, il leur avait dit : Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups ; ayez la prudence du serpent et la simplicité de la colombe[2].

Vous le voyez, Messieurs, l’on ne nous a pas armés comme des guerriers, mais comme des agneaux et des colombes ; on nous recommande seulement la prudence, parce que nul n’a le droit de s’en passer au milieu des hommes. La seule vengeance qui nous soit permise par l’Évangile, c’est de secouer la poussière de nos pieds : Excutite pulverem de pedibus vestris[3]. La poussière, ce qu’il y a de plus faible, de plus inoffensif, ce qui est ici-bas le plus proche de l’anéantissement ! Voilà tout ce qui nous est permis : secouer un peu de poussière sur le monde.

C’est donc la puissance de persuasion qui nous a été donnée. Mais comment ?

  1. Saint Matthieu chap. XXVI, vers. 52.
  2. Ibid., chap. X, vers. 16.
  3. Ibid., vers. 14.