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Jésus-Christ disait au peuple : Bienheureux les pauvres en esprit[1] ! c’était la prédication de mœurs. Quand il disait au Pharisien venu dans la nuit pour le sonder : Si l’on ne renaît par l’eau et l’esprit, l’on ne peut entrer dans le royaume du ciel[2] ; c’était la prédication d’enseignement. Quand il répondait aux sadducéens, désireux de l’embarrasser sur la résurrection des morts : N’avez-vous pas lu ce que Dieu a dit : Je suis le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ? or il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants[3] ; c’était la prédication de controverse.

Ces trois prédications sont perpétuelles dans l’Église, parce qu’elle a toujours en sa présence des hommes faibles, des hommes ignorants, des hommes trompés. Mais, à la différence des passions, qui demeurent constamment les mêmes, ou qui, du moins, ne subissent que d’apparentes modifications, l’ignorance et l’erreur varient presqu’à l’infini, revêtues tour à tour des habits de la barbarie, de la civilisation, de la décadence,

  1. Saint Matthieu, chap. V, vers. 3.
  2. Saint Jean, chap. III, vers. 5.
  3. Saint Matthieu, chap. XXII, vers. 31 et 32.