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serait ? Nous nous proposerons donc aujourd’hui d’étudier avec vous la fondation de la papauté, persuadé que la divinité de l’Église s’y montre pleinement, et que vous n’aurez aucune peine à l’y reconnaître.

La papauté, ou le souverain pontificat, entraînait avec soi deux choses : la suprématie spirituelle et l’indépendance temporelle. Sans la suprématie spirituelle, l’unité n’était qu’une chimère ; sans l’indépendance temporelle, la suprématie n’était que la mise en esclavage de la vérité, renfermée dans un seul homme, et ce seul homme, livré à la merci d’un empereur, d’une république ou de tout autre pouvoir humain. Il fallait donc, d’une part, que la suprématie fût toujours visible et incontestable, et il fallait aussi qu’elle pût s’exercer librement, malgré les obstacles de tout genre qu’elle devait rencontrer. Manifestation de la suprématie pontificale, établissement de son indépendance, voilà deux points capitaux, corrélatifs l’un à l’autre, sans lesquels l’unité de l’Église ne pouvait pas subsister dans le monde, et auxquels Dieu par conséquent a dû pourvoir d’une manière d’autant plus digne d’attention que l’œuvre était plus nécessaire et plus difficile aussi, vu la nature des sociétés humaines et des passions au milieu desquelles un si grand pouvoir devait se placer. Nous allons parcourir une vaste route, Messieurs ; nous serons obligés de laisser beaucoup de détails dans l’ombre ; mais vous y verrez assez de choses illustres pour y saisir le doigt