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dence, afin que tout œil pût distinguer la suréminence incontestée du Siège apostolique.

Cet état de choses, tel que nous venons de le décrire, dura de Constantin à Léon l’Isaurien, pendant quatre cents ans. À cette époque, l’Occident, un moment arraché aux barbares par Justinien et ses généraux, était retombé dans leurs mains. Les empereurs ne s’en occupaient plus, ou ne s’en occupaient que d’une manière ridicule, pour y propager leurs hérésies favorites ; l’un d’eux y avait fait passer une armée pour enlever les images des églises. Insensé, qui n’envoyait pas des épées contre les barbares, mais contre des images suspendues à des murs ! L’Occident était las de dépendre de Constantinople, ville d’hérésies, de trahisons et de lâcheté.

Les Romains criaient vers le pape ; ils demandaient que la république romaine sortît de ses ruines. Et, dans le fait, après que Grégoire II eut averti plusieurs fois l’empereur par les lettres les plus pressantes, le sénat et le peuple romain se déclarèrent indépendants, et constituèrent une sorte de seigneurie où le pape eut nécessairement une plus grande influence que jamais. L’heure approchait où sa demi-souveraineté, toujours fidèle au devoir et à la patience, allait changer de nature, et recevoir, en montant plus haut, une dernière consécration.

Le coup partit de la France. Ce pays, par une exception aux lois générales, qui ne souffrent guère