Page:Lacretelle Silbermann.djvu/162

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pas soumis aux courants variés de son hérédité, hérédité de classe, hérédité de religion ? Si, moi, je suis Juif, es-tu assez protestant, toi, avec ta conscience scrupuleuse, tes pactes solennels, ton prosélytisme sournois, ta sentimentalité retenue sous un air austère ? Ah ! tu es resté bien fidèle à tes ancêtres calvinistes. Et entre un Montclar, issu d’une caste de chefs, rebelles même à leur prince ; un La Béchellière, fils de médiocres hobereaux qui n’ont jamais vu plus loin que l’étendue de leurs terres ; un Robin dont la famille n’a pris rang que depuis la Révolution ; et toi, d’une humble lignée huguenote… il y a autant de différence qu’entre des types de races distinctes ; il y a chez vous autant d’éléments prêts à se combattre.

J’essayai de placer un mot. Il me retint d’un geste impérieux et repartit avec véhémence :

— Mais ce n’est pas tout. Votre grand grief, c’est l’esprit juif, le fameux esprit