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Page:Lacretelle Silbermann.djvu/174

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lu. Maintenant, quand je relisais un livre que j’avais aimé naguère, je ne retrouvais plus jamais le même sentiment absolu. La notion obscure que toute qualité est relative empoisonnait les jouissances que me procurait la lecture et arrêtait mes curiosités nouvelles. Enfin, instruit par Silbermann avec légèreté et confusion, je ne voyais plus, dans tout ce que les hommes ont écrit, qu’un stérile remuement de pensées et d’images qui se perpétuait depuis des siècles. Et devant ma bibliothèque, comme si la trop avide intelligence du jeune Juif m’eût communiqué la satiété fameuse d’un de ses rois, je songeais aux paroles de l’Ecclésiaste : « Quel avantage revient-il à l’homme de la peine qu’il se donne ?… Tout n’est que vanité et poursuite du vent. »

Mais c’était dans notre foyer que les ruines causées par Silbermann étaient le plus sensibles. Là, tous mes dieux étaient renversés. Les idées en honneur, nos pe-