Page:Lacretelle Silbermann.djvu/184

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qués encore : quelque chose d’épuisé dans les orbites et un certain amincissement aux tempes. Il me parut pour la première fois que cette figure n’était point formée, ainsi que les enfants le croient de leurs parents, d’une chair inaltérable et comme idéale, mais, au contraire, périssable et qui déjà était usée. Je ne sais quel fut le sentiment qui se fit jour dans mes yeux ; mais je vis ma mère qui abaissait la tête et faisait un geste accablé. Alors, fondant en larmes, je me jetai tout d’un coup vers elle.

Je ne pleurais pas seulement par attendrissement ou par repentir ; je pleurais surtout sur la misère qui se révélait à moi. Car j’avais compris, en reconnaissant la fragile matière de ce pur visage, qu’il n’est point d’âme, toute vertueuse et toute tendue à la sainteté qu’elle est, qui puisse s’élever hors de l’imperfection humaine. J’avais compris que l’application d’une haute morale est impossible à aucun