Page:Lacretelle Silbermann.djvu/26

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plus huppé dans la bourgeoisie à Paris se trouvait là ».

Cette amitié entre Philippe et moi ne provenait pas d’une conformité de nature. Philippe avait un esprit positif ; il était d’une humeur très sociable et assez rieur. Moi, j’étais peu bavard, plutôt grave, et sensible principalement à ce qui joue dans l’imagination. Mais, surtout, notre morale, si l’on peut ainsi dire pour parler de règles dirigeant des cerveaux de moins de quinze ans, n’était pas la même.

Lorsque Philippe ressentait un vif désir, lorsqu’il cédait à quelque tentation, ses mouvements étaient bien visibles. Il ne dissimulait rien ; il se comportait avec franchise et insouciance, comme s’il avait la garantie commode que toute faute peut être remise. Il n’en était pas de même pour moi. J’appréhendais sans cesse qu’une mauvaise action ne me fît dévier pour toujours de la voie étroite qu’un idéal sévère me présentait comme le juste