Page:Lacretelle Silbermann.djvu/36

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J’avais été au temple avec ma mère ; puis, à la sortie, je l’avais laissée. Je ressentais toujours quelque exaltation après le service religieux ; mais cette exaltation, je trouvais délicieux de l’user à des choses profanes. J’aimais me promener seul, dans le Bois, et, encore ému par le bourdonnement grave de l’orgue, excité par l’allégresse des cantiques, j’aimais me livrer, en cet état d’ivresse spirituelle, à une activité tout animale : courir, bondir à travers les buissons, aspirer l’odeur de la terre et des feuilles, me laisser toucher par les vivants effluves de la nature. Puis, ayant levé par hasard les yeux vers le ciel, je m’arrêtais, non pas calmé mais comme frappé d’amour. La vue d’un nuage voguant dans l’azur avait réveillé ensemble mon cœur et mon imagination. Tout frémissant, je soupirais vers un sentiment très doux, de qualité très noble, et je rêvais aux aventures où il m’entraînerait. Le plus souvent, ce sentiment se