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Puis à plein poing enjonche la maison
Des fleurs qu’avril enfante en sa jeunesse.

Ses narines se dilatèrent, comme piquées par l’odeur des foins, et des larmes de plaisir emplirent ses yeux.

Nous étions arrivés à l’angle d’une pelouse où est érigée une statue de La Fontaine. Silbermann s’écria en la désignant :

— Est-ce assez laid, ce buste que couronne une Muse ? Et ce groupe d’animaux, le lion, le renard, le corbeau, quelle composition banale ! Chez nous on ne connaît que cette façon de glorifier un grand homme. Et pourtant il y en a d’autres. Ainsi, l’été dernier, j’ai été à Weimar et j’ai visité la maison de Gœthe. On l’a conservée intacte. On n’a pas déplacé un objet dans sa chambre depuis la minute de sa mort. Dans la ville, on montre — et avec quel respect ! — le banc sur lequel il s’asseyait, le pavillon où il allait rêver. Je t’assure que de tels souvenirs ont de la grandeur. En France,