Page:Lacretelle Silbermann.djvu/62

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dans cette voie. On ne laissa plus échapper une occasion d’outrager Silbermann. Ainsi, tant que dura l’étude d’Esther, il dut supporter de voir, à chaque trait touchant les Juifs, vingt faces malignes tournées vers lui.

Il n’était pas le seul Juif dans notre classe, mais on ne s’en prenait pas aux autres. Ceux-ci étaient au nombre de deux : Haase, le fils du banquier, dont on savait que la sœur avait épousé un d’Anthenay, et Crémieux, dont le père était député. Aucun n’avait un type sémite aussi marqué que Silbermann. Haase tentait d’effacer le sien par des modes britanniques : une coiffure qui défrisait et aplatissait ses cheveux, une prononciation guindée. Tous deux semblaient se placer au-dessus de Silbermann.

Ce fut une grande peine pour moi de voir Philippe se joindre aux persécuteurs. Je savais bien qu’il se plaisait aux jeux un peu violents ; je savais aussi que la