Page:Lacretelle Silbermann.djvu/71

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se succéder tout ce que je savais des vicissitudes d’Israël.

Je voyais un petit lac de Judée, pareil à celui-ci, des bords duquel, un jour, des Juifs étaient partis. J’avais la vision de ces Juifs à travers les âges, errant par le monde, parqués dans la campagne sur des terres de rebut ou tolérés dans les villes entre certaines limites et sous un habit infamant. Opprimés partout, n’échappant au supplice qu’en essuyant l’outrage, ils se consolaient du terrible traitement infligé par les hommes en adorant un dieu plus terrible encore. Et au bout de ces générations chargées de maux, je voyais, réfugié auprès de moi, Silbermann. Chétif, l’œil inquiet, souvent agité par des mouvements bizarres comme s’il ressentait la peine des exodes et de toutes les misères endurées par ses ancêtres, il souhaitait se reposer enfin parmi nous. Les défauts que les persécutions et la vie grégaire avaient imprimés à sa race,