ce qu’il avait dépensé et me trouvais en présence de grosses sommes.
Nos entretiens n’étaient pas seulement sur l’art ou la littérature. Il suivait avec autant d’intérêt et d’expérience les événements politiques, le mouvement social, et aimait à discourir sur ces sujets.
Il m’entraîna un jour dans un quartier excentrique où avait lieu une manifestation populaire. Il avait décoré sa boutonnière d’une fleurette rouge et s’adressait fraternellement à ses voisins. Je le suivais dans la foule, très effrayé, et au bout d’un moment je le conjurai de rebrousser chemin. En revenant, nous passâmes par un point, situé au sommet de Montmartre, d’où l’on découvre Paris. Nous nous arrêtâmes. La vue de la ville à ses pieds provoqua chez Silbermann une excitation singulière. Lançant vigoureusement la voix dans l’espace, il développa ses théories et me fit un tableau de la société future. Il affirma sa croyance à l’amélioration