Page:Lacretelle Silbermann.djvu/91

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les chiens lorsqu’ils voient battre un de leurs semblables.

Silbermann se relevait, les vêtements souillés de poussière et déchirés. Je m’empressais vers lui et rassemblais ses cahiers et ses livres épars. Tandis qu’il était maintenu, on avait collé sur sa figure ces étiquettes que la propagande antisémite apposait à profusion sur les murs. Son front et ses joues étaient tatoués de petits rectangles multicolores où on lisait : À bas les Juifs ! Je l’aidais à les enlever et essuyais son visage. Ses yeux étincelaient. Sa bouche écumait. D’un coup de main j’arrangeais ses cheveux qu’on avait tiraillés. Autour de nous on ricanait. Je n’y faisais pas attention. J’avais conscience d’accomplir ma mission et cette gloire m’élevait bien au-dessus des sentences humaines.

Mais à ce moment, Silbermann, qui n’était jamais abattu, ne pouvait se retenir de riposter. Encore tout frémissant de