Page:Lacretelle Silbermann.djvu/93

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d’esprit le servait. Une fois elle faillit lui coûter cher.

Notre professeur de français nous avait donné liberté d’apprendre comme leçon telle pièce de vers qu’il nous plairait. J’avais appris des stances d’André Chénier que je venais de lire grâce à Silbermann et dont l’inspiration m’avait laissé tout brûlant. Je demandai à Silbermann quel était son choix, mais il me le tint secret.

— Ils vont voir… dit-il avec l’expression de quelqu’un qui prépare un bon tour.

La récitation commença. Les mauvais élèves, peu scrupuleux, s’étaient contentés de repasser quelque texte déjà connu d’eux à l’insu du professeur et riaient d’un effort qui leur avait coûté si peu. Les timides avaient été déconcertés par cette première liberté ; certains, en se levant, rougissaient de livrer leur préférence. On attendait avec curiosité Silbermann dont on savait les connaissances étendues et