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Page:Lacroix - Contes littéraires du bibliophile Jacob à ses petits-enfants, 1897.djvu/111

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alla faire sa station accoutumée sur les marches de l’autel de Notre-Dame ; ses deux enfants étaient à ses côtés ; sa fille agenouillée et recueillie comme elle, les mains jointes, les yeux levés vers l’image d’argent de la Mère de Jésus ; son fils debout et saisi d’une distraction profane par les reflets lumineux des vitraux coloriés sur les dalles tumulaires de la nef. Le petit Jean avait apporté en offrande une couronne de roses sauvages et de fleurs blanches, choisies exprès dans les bois des environs, où il était allé courir à l’aventure, cherchant la trace du passage des premiers apôtres de la Normandie et les débris des temples païens, qu’avaient renversés ces apôtres des anciens temps, pour y planter la croix du Christ.

Lorsque madame de Launoy acheva sa prière, qui avait rempli de douces larmes ses paupières alourdies, elle n’aperçut plus son fils. Comme elle était restée plus longtemps qu’à l’ordinaire en oraison, elle pensa que l’enfant, fatigué de demeurer à la même place, avait promené sa curiosité, de chapelle en chapelle, de tombeau en tombeau, pendant que sa mère et sa sœur priaient pour lui. Madame de Launoy se leva donc sans inquiétude, fit le tour de l’église en regardant à droite et à gauche si elle ne verrait pas Jean accroupi sur une épitaphe ou se hissant le plus près possible d’une des fenêtres de l’abside, car souvent il grimpait le long du jubé pour s’approcher des admirables peintures de ces merveilleuses verrières. Mais madame de Launoy ne le trouva, ne l’aperçut nulle part ; elle ne vit aucune ombre mouvante, dans les chapelles, ni dans le chœur, ni dans la nef, où le jour commençait à s’éteindre ;