Page:Lacroix - Contes littéraires du bibliophile Jacob à ses petits-enfants, 1897.djvu/122

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enfants mouraient de faim. Ils ne moururent pas cependant, et malgré les privations journalières qu’ils eurent à souffrir, selon la chance des dés, qui favorisait peu leur père au brelan, ils grandirent tous, en force, en santé et en malice, et se montrèrent précoces, surtout en fait de défauts et de vices.

Une servante, qui dominait au logis par l’insouciance coupable de son maître, était une véritable marâtre pour eux ; elle les maltraitait d’injures et de coups, sans se soucier de leurs penchants les plus pervers, que développait cette négligence ; elle leur refusait souvent le nécessaire, les faisait jeûner plus que des ermites, les abandonnait à eux-mêmes, et les voyait volontiers vagabonder par la ville. Ils ignoraient la couleur de l’argent et ne soupaient pas tous les jours ; ils sortaient, le matin, couverts de haillons, et ne rentraient que le soir, encore plus malpropres, pour être largement battus, et non jamais caressés.