Page:Lacroix - Contes littéraires du bibliophile Jacob à ses petits-enfants, 1897.djvu/221

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sonnait et frappait à la porte d’honneur, qui retentissait sous les coups et ne paraissait pas devoir s’ouvrir ; on n’entendait ni pas ni voix, dans la maison ou dans les cours ; seulement, les corneilles s’envolaient hors de leurs nids et planaient effrayées autour des girouettes en poussant des cris plaintifs. Germain continuait d’appeler et de heurter, non sans s’impatienter du retard qu’on mettait à lui ouvrir.


— Bonté de Dieu ! murmura-t-il : sont-ils tous morts de la peste ?


— Ah ! c’est Germain ! s’écria de loin Marie-Jeanne, qui arrivait enfin lentement et avec une espèce de défiance, pour connaître la cause de ce vacarme. C’est Madame !… Non, c’est Mademoiselle !


Et la vieille paysanne, que son mari plus vieux et plus cassé accourait rejoindre, s’approcha du carrosse, aida les deux enfants à en descendre, et se confondit en respects, en révérences, en signes de croix, devant la fille de sa maîtresse. Antoinette, qui n’avait pas appris à être orgueilleuse dans l’ordre des Carmélites, sauta au cou de Marie-Jeanne, l’embrassa sans façon et demanda tout d’abord comment se portaient les poules, les oies, les moutons et les poissons, qu’elle aimait à nourrir de sa main. Marie soupira, en lui donnant les détails qu’elle demandait et en fixant sa vue inquiète sur les tourelles du château.


Pendant ce premier échange de paroles, le jardinier eut le temps de se réunir au groupe, qui était en active conférence, au sujet de Cybèle, la chienne de basse-cour, qu’on n’avait pas aperçue depuis huit jours et qui s’était