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Page:Lacroix - Contes littéraires du bibliophile Jacob à ses petits-enfants, 1897.djvu/27

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la convalescence du vieux conteurs.

importants ont des attraits éternellement nouveaux pour les petits peureux. Les garçons avaient du penchant pour les batailles et pour le merveilleux ; les filles s’intéressaient davantage à des héroïnes de romans, à des détails de toilette et à de simples anecdotes. Quant aux aînés, qui n’avaient pourtant pas la manie de faire valoir leur supériorité de compréhension et d’instruction, il n’eût pas été convenable de les assommer de ces contes, ennuyeusement moraux, pour l’amusement des plus jeunes ; enfin la patience des parents, que je n’aurais pas pris à tâche d’ennuyer aussi, m’invitait à choisir et à orner quelques narrations d’un genre mixte et d’une portée facile, qui atteignissent à la fois tous les degrés de l’intelligence. Je crus donc pouvoir rattacher mes récits à des noms littéraires, qui relèvent l’intérêt, souvent traînant, du drame, et le font sortir de l’ornière du lieu commun. D’ailleurs, absolument dénué de livres, j’aurais craint d’entrer dans l’Histoire, de fausser une date, de travestir un fait, d’omettre ou d’estropier un nom, en un mot, d’induire en erreur qui que ce fût, même un enfant sachant à peine ses lettres. L’Histoire est une religion qui a ses fanatiques, et je m’honore d’être un de ceux-là.

Voilà comment ma convalescence a produit un volume de contes, qui sera peut-être suivi de plusieurs autres. Je n’ose pas attendre de tous mes lecteurs l’indulgence filiale et amicale à laquelle mes jeunes auditeurs de la Chaumelle m’avaient accoutumé ; mais je souhaite qu’ils