Page:Lacroix - Contes littéraires du bibliophile Jacob à ses petits-enfants, 1897.djvu/334

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le sien, qui fut de briser, par un redoublement de sévérité, cette espèce de rébellion contre la discipline de la maison, et de retrouver, à force de menaces et de punitions, la cloche volée et le voleur. La fable du Moine-bourru n’invitait personne à la tolérance, et les moyens de rigueur les plus redoutables furent adoptés dans cette espèce de concile.


— Mes enfants ! dit d’un air paternel le principal, qui avait réuni tous les élèves autour de lui dans la grande salle des distributions de prix, vous devez connaître celui d’entre vous qui s’est rendu coupable de vol et de désobéissance, en dérobant et en cachant la cloche du collège. Il est de votre devoir de vous séparer de l’auteur d’un acte aussi répréhensible, en me le désignant vous-mêmes : ce que je vous somme de faire immédiatement.


Les élèves ne bougèrent pas et se turent, comme s’ils n’avaient pas entendu cette sévère admonition, ou comme s’ils n’avaient rien à y répondre ; les têtes, les yeux, demeurèrent immobiles, et quelques ricanements étouffés circulèrent seulement de rang en rang. Crébillon, qui se tenait derrière un pilier, pour mieux juger des dispositions de l’assemblée, faisait le geste de se dénoncer lui-même, mais ses voisins l’en empêchèrent, en lui rappelant leurs conventions mutuelles.


— Jeunes élèves, je vous laisse réfléchir jusqu’à demain après la messe ! reprit le principal, d’un ton qui témoignait de son mécontentement ; j’espère que vous n’attendrez pas le terme de ce délai, pour me signaler le coupable ; mais, passé l’instant de l’indulgence, il sera trop tard pour le repentir ; alors vous serez tous compris dans