Page:Lacroix - Contes littéraires du bibliophile Jacob à ses petits-enfants, 1897.djvu/91

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hors du lit, où mademoiselle Neveu avait peine à le retenir ; il repassait, en imagination, par toutes les horreurs de la catastrophe dans laquelle il avait failli périr ; il croyait encore se débattre au milieu des eaux qui l’engloutissaient, et il répétait d’une voix éteinte : « Plus de père ! plus de mère ! »


Catherine, inquiète et désolée de l’exaltation délirante de son malade, se sentait impuissante à le soulager. Jules de Guersens revint, par bonheur, avec les médicaments dont il avait jugé prudent de se munir ; il administra une potion calmante à l’enfant, qui pouvait être atteint d’une fièvre chaude : l’effet salutaire de cette potion fut presque immédiat ; le malade s’apaisa comme par enchantement et s’endormit d’un sommeil bienfaisant et réparateur.


— Mon cher maître, dit Catherine à Jules de Guersens, cet enfant est un orphelin que Dieu nous a envoyé pour que nous lui servions de père et de mère. Voyez comme il dort d’un bon sommeil ? Il s’éveillera guéri. Mais quand s’éveillera-t-il ? C’est à moi de le garder et de veiller sur lui, pour achever votre œuvre, car c’est vous qui l’avez sauvé, comme l’ange qui protégeait Tobie. Je vous adjure de voir ma mère et d’inventer quelque beau prétexte qui motive mon absence, vis-à-vis d’elle. Dites-lui que je suis un peu souffrante, et que je viens de rentrer, incommodée de ma promenade sous le soleil du printemps… Mais, non, cherchez plutôt un prétexte quelconque qui n’ait pas lieu de lui donner du souci à mon égard ; dites-lui que vous me laissez avec mon Tobie et que je viens de composer une scène