MERCREDI 31 AOÛT, JEUDI 1er SEPTEMBRE.
31 août. — Au lieu de frapper sur les Prussiens, l’Empire frappe sur ses malheureux préfets qui n’en peuvent mais de son désastre. Désireux sans doute de passer pour un foudre de guerre, M. Chevreau, ministre de l’intérieur, vient de tailler en pièces M. Podevin, préfet de la Meurthe, et il l’a révoqué à grand fracas. La Chambre a applaudi à cette mesure de salut public ; les Tyrtées d’estaminet ont pourfendu dans leurs journaux les préfets prussiens, en se drapant fièrement dans leur bravoure. À Nancy, cette révocation a été jugée avec ce bon sens local qui sait les choses telles qu’elles sont et qui ne prend pas le charlatanisme pour de la véritable énergie. On a compris que M. Chevreau voulait donner le change sur la faiblesse de la situation en faisant de la fausse vigueur, et on s’est contenté de rire, en haussant les épaules. Quant à M. Podevin, j’estime qu’il aura plus à se féliciter qu’à se plaindre de la mesure qui le frappe. D’abord elle ne lui enlève que ce qu’il n’a déjà plus, puisqu’il est retombé, de fait, au rang de simple mortel, et que sa jolie préfecture est au pouvoir d’un fonctionnaire prussien qui ne la lâchera pas de sitôt. Ensuite elle lui a rendu la liberté de la parole, et il s’en sert pour faire entendre des mots qui doivent être bien étonnés de sortir de sa bou-