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Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/169

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du samedi 3 au lundi 5 septembre. — 1870.

serons tranquilles. Cela est certain, j’ai vu la dépêche officielle. »

À ses premières paroles, j’avais haussé les épaules avec le ricanement de l’incrédulité, mais l’assurance qu’il me donnait au sujet de la dépêche officielle m’ébranlait dans mon doute, et je courus aussitôt à l’Hôtel-de-Ville pour y chercher des renseignements positifs. — « Vous voulez savoir à quoi vous en tenir, me dit notre ami Alexandre Geny, dont le visage abattu et consterné me donnait déjà la confirmation de la fatale nouvelle, allez trouver M. Welche ; il vous en apprendra plus que vous n’en voudrez savoir. » — J’entrai dans le cabinet du maire, et lui demandai s’il existait réellement une dépêche, et si notre malheur était consommé. — « Oui, il y a une dépêche, me dit-il, et elle n’est que trop certaine. M. de Bonin l’a reçue dès hier soir, mais la nouvelle lui a paru si prodigieuse, qu’avant de la publier, il a voulu en avoir la confirmation. Cette confirmation, il l’a reçue ce matin même par un second télégramme, daté du quartier général du roi Guillaume, à Bar-le-Duc. Ce télégramme je l’ai vu et je sais malheureusement trop bien à quoi m’en tenir sur notre désastre. » — Puis il me dit en gros, d’après les renseignements mêmes du gouverneur, comment les choses s’étaient passées. Mac-Mahon avait manœuvré pour rejoindre Bazaine ; mais le prince Frédéric-Charles avait barré la route à ce dernier, tandis que le prince royal et d’autres corps d’armée envelop-