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Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/175

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du samedi 3 au lundi 5 septembre. — 1870.

sera jamais donné qu’à un suprême honnête homme de faire, il s’est mis au service de la révolution qu’il avait reçu la mission de combattre. Plus coupable que les démagogues, parce que c’était avec l’autorité qu’il faisait du désordre, plus malfaisant qu’eux parce qu’il avait tout pouvoir pour le faire, il reçoit le juste salaire de ses œuvres et cela de la main même des ennemis qu’il a fortifiés par ses fautes, de la Prusse qu’il a favorisée contre l’Autriche et qu’il a mise en état de l’écraser, de la révolution dont il se faisait un instrument, mais qui renverse toujours à la fin ceux qui la prennent à leur service. Donc rien de plus naturel, en même temps que rien de plus divin que sa chute. Aussi les gens sages ne s’en étonnent, ni ne s’en affligent. Ils constatent qu’il n’en pouvait être autrement.

Quant à la République qui lui succède en interrompant l’ordre de nos évolutions politiques, et en gagnant un tour sur la monarchie, je n’ai rien à en dire, parce que je ne sais pas ce qu’elle est, et qu’on ne peut lui souhaiter la bienvenue, avant de savoir ce qu’elle veut être. D’ailleurs il faut se poser, avant tout, la question de son origine. Comment a-t-elle fait son entrée dans le monde ? Est-ce par suite d’une opération régulière et que la France entière puisse avouer — ce qui m’étonnerait fort de sa part, étant données ses entrées en scène ordinaires — ou bien d’une de ces émeutes traditionnelles qui alternent, depuis 89, avec les coups d’État pour nous